Stressé ? Vous avez chassé le mammouth ?
- Lison Zen
- 13 juil. 2023
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 27 juil. 2023

Lorsque nous pensons à quelque chose de stressant, un mammouth n’est probablement pas la première chose qui nous vient à l’esprit. Mais si nous considérons notre système de réponse au stress du point de vue de l’évolution et du rôle qu’il a joué pour assurer la survie de notre espèce, cela devient plus clair.
Le stress est généralement un ensemble de mécanismes biologiques, psychologiques et comportementaux qui sont importants pour nous protéger en cas de danger perçu ou subi. Lorsque nous faisons face à une menace (un stress), nous devons combattre (tuer le mammouth) ou fuir (prendre ses jambes à son cou parce que le mammouth est trop agressif). Que se passe-t-il alors dans notre corps lors d’une réponse au stress ?
Nos sens s’aiguisent. Nos pupilles se dilatent pour que nous puissions mieux voir, même dans le noir. Nos poils se redressent pour nous rendre plus sensible au toucher, mais aussi pour nous faire paraître plus gros et menaçant (n’oubliez pas que nous étions plus poilus dans le temps des hommes des cavernes) ! Nos battements cardiaques augmentent pour envoyer plus de sang vers nos muscles. Les poumons, la gorge et les narines s’ouvrent pour laisser entrer plus d’air dans l’organisme. Nous respirons plus profondément, ce qui nous permet de crier plus fort et de faire peur à nos adversaires, comme un lion ! Les vaisseaux sanguins des reins et du système digestif se resserrent pour interrompre les systèmes de l’organisme qui ne sont pas essentiels. Ce n’est pas le moment de gaspiller de l’énergie ! Les glandes sudoripares s’activent pour faciliter la sudation et ainsi rafraîchir l’organisme. C’est ce qui fait que notre peau devient blême et moite. Des endorphines, un anesthésique naturel, sont sécrétées pour que nous ne soyons pas troublés par la douleur. Notre système de pensée ou de jugement est aussi réduit au silence pour laisser la place à notre système primitif. C’est le temps d’être actif, non pas d’être pensif !
Perdu dans le passé
Ces événements biologiques datent du temps où nous chassions le mammouth mais sont toujours en fonction aujourd’hui. L’organisme ne fait pas la différence entre le stress généré par la vue d’un mammouth et celui généré par trop de boulot. Dans les deux cas, il réagit de la même façon. En somme, l’organisme ne sait pas que nous sommes au 21è siècle.
Pensez-vous que la chasse au mammouth était stressante ? Absolument ! En fait, cela représente un stresseur absolu. Cela veut dire qu’absolument toute personne faisant face à cet agent stressant activera son système de réponse au stress. D’autres exemples de stress absolu sont les tremblements de terre, les tsunamis, les événements du 11 septembre 2001. Ce sont des événements objectivement universellement stressants.
Il est gros comment votre mammouth ?
De nos jours, notre réponse au stress est activée aussi souvent, sinon plus souvent, que du temps où nous chassions le mammouth. La différence est dans ce qui nous stresse. Aujourd’hui nous faisons face à des stresseurs relatifs et subjectifs qui causent différentes réactions chez différentes personnes. Par exemple, une date de livraison d’un projet qui arrive plus tôt que prévu, une circulation trop dense, une facture salée, un examen…
Nos vies aujourd’hui sont remplies de situations que nous interprétons comme stressantes. Notre système de réponse au stress ne sait pas faire la différence entre un stress absolu et un stress relatif. En d’autres mots, il ne sait pas si nous faisons face à un mammouth ou à un énorme orage !
Comment se fait-il que notre super cerveau sophistiqué ne sache pas que nous sommes au 21è siècle ? Parce qu’à l’échelle de l’évolution de notre espèce, nous avons tué le dernier mammouth il y a environ 2 heures et nous nous souvenons de ce stress ! D’autre part, compte tenu que nous percevons des stress relatifs plus fréquemment, il ne peut s’empêcher de générer une réponse de stress de la même manière que si nous faisions encore face à ce mammouth. Ce qu’il faut aussi prendre en compte, c’est que notre système de réponse au stress n’a pas été conçu pour être activé aussi souvent qu’il l’est de nos jours. Après tout, nous ne chassions pas le mammouth tous les jours, un seul mammouth pouvait nous nourrir pour quelques semaines.
De mammouth je me trompe…
Il est tout à fait approprié de sécréter des hormones du stress face à un stresseur absolu (lorsqu’un mammouth nous charge), car nous a
vons besoin de ressources pour le combattre ou nous enfuir. Cette réponse perd tout son sens dans un bouchon de circulation, car nos vies ne sont pas mises en danger, ni celles de notre famille. Il s’agit d’un stresseur relatif.
Parce que ce système a été façonné de façon à êt
re activé que de temps à autres, le fait que nous l’activions régulièrement, en interpréta
nt des situations comme stressantes, fatigue ce système. Cela peut causer toutes sortes de maladies.
Faire la différence entre un stresseur absolu (un mammouth, une agression, un tsunami…) et un stresseur relatif (un bouchon, mon patron ou un client mécontent) est ce qui nous permet de gérer notre stress. La vie est ce qu’elle est et nous ne pourrons jamais éliminer le stress de nos vies. Mais nous pouvons apprend
re à changer l’interprétation que nous faisons des situations de façon à diminuer le nombre de fois où notre système de réponse au stress est activé et peut-être nous aider à mieux gérer notre stress.
Sources.
Texte : https://www.stresshumain.ca/
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